Newsletter of Phenomenology

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Figurations esthétiques dans le classicisme et le romantisme 

"l'instant fécond" et l'arabesque

Günter Oesterle

pp. 141-146

L’opposition pratiquée en Allemagne entre « Klassik » et « Romantik » n’a guère été comprise par les germanistes et comparatistes non allemands. Notre contribution tente d’utiliser des arguments relevant de la poétologie culturelle, plutôt que le cadre de référence idéologique privilégié jusqu’ici. On propose donc d’abandonner le concept de « classique », fondé sur la norme, au profit d’un concept de « classicisme » pensé en termes historiques.Classicisme et romantisme peuvent se concevoir comme deux modèles complémentaires qui rivalisent et se complètent, qui traitent de différentes manières les phénomènes de modernisation qui débutent vers 1770, et y apportent des réponses esthétiques. Sont concernées, entre autres, les différences de perception temporelle et esthétique, le maniement spécifique des innovations dans la technique des médias, et l’autre type de réaction au processus d’introduction de la science, qui s’accélérait à l’époque. La différence et la concurrence productives des deux modèles culturels, le classicisme et le romantisme, sont présentées de manière exemplaire dans le cas du poids différent et du modelage divergent de deux figurations déterminantes, depuis l’esthétique jusqu’au quotidien esthétisé, « l’instant fécond » et l’arabesque. Dans le classicisme, l’arabesque est plutôt une figure angoissante et troublante ; on ne lui y concède donc qu’un « rôle subordonné », un théâtre d’opérations secondaire. Dans le romantisme, au contraire, l’arabesque accède au rang de catégorie centrale. A l’inverse, la figure esthétique principale du classicisme, « l’instant fécond », devient un effet secondaire dans le romantisme.À partir de la condensation classique dans « l’instant fécond », l’arabesque romantique se transforme en dispersion. Pour conclure, on utilisera trois exemples destinés à faire apparaître la figure de fascination qu’était l’arabesque autour de 1800 ; la théorie esthétique du jeune Arthur Schopenhauer, la réflexion du peintre Philipp Otto Runge sur la pratique de l’art, et une irritation choquée, relevant de l’esthétique du quotidien, dans une lettre d’Achim von Arnim à Clemens Brentano.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.868

Full citation:

Oesterle, G. (2001). Figurations esthétiques dans le classicisme et le romantisme : "l'instant fécond" et l'arabesque. Revue germanique internationale - ancienne série 16, pp. 141-146.

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