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Loi et éthique chez Kant et Lacan

Rudolf Bernet

pp. 450-468

II existe des analogies surprenantes entre l'éthique lacanienne du désir et ce qu'on a appelé «le rigorisme» de la morale kantienne. De part et d'autre il s'agit de la conduite juste d'un sujet qui se rapporte à une loi transcendante et qui s'en trouve divisé ou «clivé». En cherchant le bien dans la soumission à la loi, le sujet se situe au delà du principe de plaisir. Il reste cependant une différence importante entre une loi qui, chez Kant, parle au nom de la raison et la loi selon Lacan qui est la raison de la parole et le principe du désir symbolique. Chercher le bien revient pour Lacan à bien désirer, c'est-à-dire à assumer la perte symbolique constitutive du désir. Lacan finit aussi par prendre ses distances par rapport à Kant en insistant sur le fait que le manque inscrit dans le sujet par la loi compromet en même temps la possibilité d'un bon rapport du sujet à cette loi. L'éthique de la psychanalyse cherche ainsi à rendre compte de la possibilité de la transgression de la loi. A l'opposé de Kant, elle ne reste pas insensible non plus à des conduites et des sentiments éthiques qui ne sont plus directement inspirés par le simple respect de la loi.

Publication details

Full citation:

Bernet, R. (1991). Loi et éthique chez Kant et Lacan. Revue philosophique de Louvain 89 (83), pp. 450-468.

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