Newsletter of Phenomenology

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Histoire et droit chez Kant

Bernard Bourgeois

pp. 91-100

Le kantisme introduit dans la philosophie de l’histoire l’équation de l’histoire et du droit, mais ne nous autorise à lire cette équation qu’en un seul sens : l’histoire est droit, non pas : le droit est histoire. Pour Kant, il n’y a d’histoire, de vie culturelle réelle envisagée en toutes ses manifestations — technique, juridico-politique, éthique — que parce que l’homme est culturellement l’homme du droit et de l’État. C’est le droit qui prescrit à l’histoire son origine, son cours et sa fin : la républicanisa-tion de l’Etat. Mais le kantisme n’est en rien un historicisme : il refuse d’immerger le droit dans l’histoire. La pensée de la nécessité historique repose sur la seule affirmation pratique de la raison. Le droit pose et juge l’histoire à travers un rapport vertical de la conscience humaine engagée dans l’histoire à la raison pratique directement agissante en elle : l’éternité surplombe le temps en le subsumant sous elle. Cet entendement juridique a bien peu à voir avec la ruse de la raison historique hégélienne, selon laquelle les moments successifs de l’histoire constituent, par leur dialectique immanente, la vie incarnée de l’éternité.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.582

Full citation:

Bourgeois, B. (1996). Histoire et droit chez Kant. Revue germanique internationale - ancienne série 6, pp. 91-100.

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