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"Mir geht nichts über Mich !". La critique paradoxale de l'idéal religieux chez Max Stirner

Yannis Constantinidès

pp. 175-193

Ludwig Feuerbach et Max Stirner, qui ont tous deux connu leur heure de gloire au début des années 1840, souffrent depuis de la plate lecture téléologique de l’histoire de la philosophie : Feuerbach est réduit au rang peu flatteur de « chaînon intermédiaire » entre Hegel et Marx, et Stirner considéré à tort comme le précurseur de l’anarchisme. Or, la réfutation que l’auteur de L’Unique et sa propriété fait de l’humanisme feuerbachien ne s’éclaire vraiment que si l’on envisage le détail de son argumentation, qui ne diffère au fond que formellement de celle des autres Jeunes Hégéliens. La radicalité de la démarche de Stirner se situe ailleurs, dans la critique qu’il fait des préjugés moraux, et plus généralement de tout ce qui est « au-dessus de moi ». Le moi, créateur et créature à la fois, n’est plus lié par rien, pas même par sa propre parole. Mais cela ne revient-il pas en fin de compte à l’ériger en fondement absolu, malgré l’affirmation répétée de son caractère éphémère ? Stirner ne renoue-t-il pas, à son corps défendant, avec l’exaltation chrétienne de l’individu « unique, incomparable », comme le lui reprochera justement Feuerbach ?

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.384

Full citation:

Constantinidès, Y. (2008). "Mir geht nichts über Mich !". La critique paradoxale de l'idéal religieux chez Max Stirner. Revue germanique internationale 8, pp. 175-193.

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