Newsletter of Phenomenology

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Les couleurs du Laocoon

François Queyrel

pp. 57-70

La vision du Laocoon est orientée par les images diverses qui reproduisent le groupe. Des documents de la première partie du xvie siècle conservent des traces de la polychromie du marbre, dans le dessin des yeux, que confirme l’examen attentif de photographies. Cette polychromie oubliée était habituelle dans la sculpture antique, comme le confirme la comparaison avec le groupe de Scylla, œuvre des mêmes sculpteurs rhodiens que le Laocoon, ou l’étude de la sculpture hellénistique de Délos. Je propose d’interpréter le regard de Laocoon comme celui d’un aveugle : le groupe illustre une version de la légende connue par le poème de Quintus de Smyme.Certains tableaux qui représentent le groupe du Laocoon au xvie siècle reproduiraient-ils fidèlement l’ensemble de la polychromie du marbre ? Il faut plutôt voir dans ces documents qui peignent la sculpture couverte de vives couleurs un témoignage de la fantaisie créatrice des artistes de la Renaissance qui contraste avec l’esthétique néoclassique qui donne au Laocoon la blancheur du marbre. D’autres documents reproduisent le groupe d’après des moulages en bronze ; jusque de nos jours, quand le Laocoon a des couleurs, il a le plus souvent l’éclat métallique du bronze. Le statut d’icône du monument a en effet éclipsé l’observation directe du groupe : on connaît autant le Laocoon par les reproductions et réductions qui en répandent l’image que par l’original lui-même.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.935

Full citation:

Queyrel, F. (2003). Les couleurs du Laocoon. Revue germanique internationale - ancienne série 19, pp. 57-70.

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