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Moses Mendelssohn, des hiéroglyphes à l'idolâtrie

Gideon Freudenthal

pp. 69-79

Mendelssohn consacre la deuxième partie de son Jérusalem à une apologie du judaïsme. Après avoir soutenu que la « religion naturelle » partagée par tous les hommes suffit à atteindre la félicité éternelle, le judaïsme (comme du reste toutes les autres religions déterminées) peut en effet apparaître comme inutile ou dépassé. Une thèse qui aujourd’hui encore n’a pas perdu de sa vigueur. En réponse à cette critique, Mendelssohn maintient que le judaïsme conserve une fonction spécifique : constituer un rempart contre l’idolâtrie. Une tâche dont il s’acquitte ex negativo : en ce sens qu’il n’y a dans le judaïsme ni théologie ni symboles particuliers mais qu’il consiste exclusivement en « cérémonies », actes temporaires voués à ne laisser aucune trace sitôt après avoir été pratiqués ni aucun symbole auquel on pourrait vouer un quelconque culte. Mendelssohn se réfère au contre-exemple du rôle joué par les hiéroglyphes dans l’idolâtrie égyptienne, sans l’approfondir ni le développer. Il a été ainsi constamment critiqué pour avoir formulé une hypothèse sans fondement. Pourtant, l’étude du commentaire par Mendelssohn de l’épisode du Veau d’or, montre que celui-ci a bel et bien élaboré une explication d’ensemble de ce péché originaire d’idolâtrie : les hiéroglyphes étaient utilisés dans les pratiques de magie astrologique et, par conséquent, encourageaient l’idolâtrie. Une thèse fondée sur les théories ethnographiques les plus actualisées de l’époque tout en s’accordant parfaitement avec la méthode traditionnelle juive d’interprétation des textes.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.346

Full citation:

Freudenthal, G. (2009). Moses Mendelssohn, des hiéroglyphes à l'idolâtrie. Revue germanique internationale 9, pp. 69-79.

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