Newsletter of Phenomenology

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165992

(2014) Le Portique 34.

D'un procès l'autre, Sade au Japon

François Lachaud

Pour le despotisme « mou » qu’entraperçurent les premiers visiteurs étrangers à la fin de l’époque Edo (1603-1849), le procès des œuvres de Sade aurait semblé une incongruité ; pis encore, une tentative des autorités shōgunales pour dénaturer une culture populaire qui se nourrissait avec un plaisir sans mélanges de faits divers sanglants, de violences et de vendettas, de meurtres, de viols, d’exécutions aussi bien à la scène du kabuki, que dans les livres illustrés et les estampes (ces figures imposées aujourd’hui encore dans les mangas, les films de gangsters et d’horreur où le « sadisme » est omniprésent). Tentative, soit dit en passant, vouée à l’échec. L’art mondial connaît peu d’exemples où l’imaginaire « sadien » des supplices – celui que l’on retrouvera dans les grands films japonais des années 1970, ainsi Kuroi yuki (Black Snow) de Takechi Tetsuji (1912-1988) dont le procès de 1965 à 1969 (où l’on retrouve les noms de Taganazaki et Mishima) reprend celui de la traduction de Juliette en ajoutant la subversion politique à la pornographie – aura été porté si loin dans l’éclat du sang sur la page, dans l’imaginaire des corps, de la torture, de la jouissance, et de l’extase de la mort.

Publication details

Full citation:

Lachaud, F. (2014). D'un procès l'autre, Sade au Japon. Le Portique 34, pp. n/a.

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