Newsletter of Phenomenology

Keeping phenomenologists informed since May 2002

Le corps du Laocoon

Gunter Gebauer

pp. 237-250

Le présent essai a pour objet un aspect précis de l’interprétation lessingienne du Laocoon. Dans cette interprétation, Lessing esquisse une relation, demeurée jusqu’ici obscure, entre perception du corps et imagination. En se fondant sur l’activité de l’imagination, il voit et entend des événements, reconstitue des sentiments qui ne sont de fait pas visibles sur la statue elle-même et qui ne sont d’ailleurs pas exprimés par elle. La position de Lessing est ainsi opposée à l’idée d’une intelligence de l’expression.Lessing part du fait que le visage de Laocoon est, lorsqu’on le considère du point de vue de l’expression, sous-déterminé. Nous pouvons ajouter que, à l’inverse, les autres parties du corps sont représentées de façon sur-déterminée. Il suffit pour cela de se référer aux veines saillantes, aux mains, aux pieds, à la posture et aux cheveux pleins d’expressivité de la statue. Alors que les parties du corps « racontent » d’une manière presque excessive, le visage, qu’on a coutume de considérer comme le siège de l’expression du sentiment, reste d’une certaine manière vide. Il est comme voilé. En plusieurs endroits de son ouvrage, Lessing évoque le refus d’expressivité de l’artiste. C’est de cette manière, note-t-il, que le sculpteur a pu démultiplier l’effet de sa représentation. Le présent essai tente de reconstituer l’argumentation de Lessing en utilisant des instruments modernes et essaie de mettre cette démonstration en relation avec les notions de narration et de souvenir.

Publication details

DOI: 10.4000/rgi.955

Full citation:

Gebauer, G. (2003). Le corps du Laocoon. Revue germanique internationale - ancienne série 19, pp. 237-250.

This document is available at an external location. Please follow the link below. Hold the CTRL button to open the link in a new window.